Des lignes et des chemins

C’est un étrange cheminement que nous propose Aurélien Carton : aller à la rencontre de cet enfant « pas comme les autres », emmuré dans son monde… « joue donc avec les autres ! »
Un livre d’artiste enrichi de quatre gravures de Danielle Péan Le Roux


Et ce retour de lecture de Marie Driot :

Il est des destins et des combats qui résonnent dans toute leur nécessité, et des livres qui vous prennent à la gorge de manière frontale, puis qui s’attardent comme des prises de conscience, en lisière de paupière.

Ils ne le savent pas encore, mais Aurélien Carton et Danielle Péan Le Roux m’ont bouleversée. Ce matin, j’ai relu Des Lignes et des Chemins, livre d’artiste qui leur est commun, aux éditions « L’œil de la méduse ». Le texte de l’auteur, sensible aux mystères d’un enfant pas comme les autres, est d’autant plus émouvant que nous vivons dans une société s’obstinant trop souvent à occulter ce qu’elle ne comprend pas, ou mal. Par peur sans doute. Peur des ombres difficiles à pénétrer parce qu’étrangères aux nôtres ?

Pourtant, la proximité des ténèbres n’induit pas forcément l’obscurité et, par son monologue, ses rituels ou ses gestes répétitifs, cet enfant reflète bien plus un sentiment d’étrangeté au monde qu’un danger. Auprès de lui, le quotidien et ses multiples insignifiances acquièrent un éclairage différent, chaque instant semble devenir le symbole d’une réalité chancelante. Et l’évidence de notre fragilité…

C’est ce que suggère la rencontre entre le poignant, le si tendre et sublime poème d’Aurélien Carton avec les subtiles et obscures angoisses gravées par Danielle Péan Le Roux. Ensemble, ils lèvent un coin du voile sur l’autre côté du miroir, là où le mystère s’épaissit. Ils nous font percevoir la lumière incertaine d’un être pétrifié par un vivre ensemble agressif et d’autant plus étrange qu’il ne sait déjà pas s’apprivoiser soi-même…

Des Lignes et des Chemins orchestrent le quotidien, les jeux comme les tourments de l’enfant pas comme les autres. Ils apparaissent comme l’occasion ultime pour lui d’apprendre que ses ombres ne sont pas plus grandes que sa lumière… C’est aussi une inspiration, et l’espoir têtu de pouvoir sauver une parcelle d’idéal et de foi en l’humanité.

Merci infiniment à vous, Aurélien Carton et Danielle Péan Le Roux.

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