Les grues

Nouvelle collaboration avec  Denis Tellier  , auteur de ce poème « Les grues », accompagné de deux  gravures au sucre de Danielle Péan Le Roux

L’ouvrage a été composé en Lucida de corps 14, sur du vélin BFK de Rives.

L’emboîtage a été réalisé par Danielle Péan Le Roux.
Le tirage est de 10 exemplaires, tous sont signés au colophon par les artistes.

Achevé d’imprimer le 27 janvier 2019 à Vannes, pour les éditions l’œil de la méduse.

Et ce très beau retour de lecture de Marie Driot :

Certains jours, il est des grâces qui vous attendent. Il est des gens qui ressemblent à des voyages. Il est des besoins de douceur qui se glissent dans des frissons poétiques. On cherche les mots longtemps pour les décrire, pour hasarder son pas dans la beauté révélée, pour quitter la pesanteur des doutes et retrouver la griserie des émerveillements.

Les Grues est l’une de ces grâces. Que l’on doit à Danielle Péan Le Roux et Denis Tellier.

Découvrir le texte de Denis Tellier, c’est comme découvrir un visage, une voix, tout ce qui doucement nous efface. Car là se transcende le quotidien, là se terrent les mots qui nous font renouer avec la source même de la littérature. C’est aussi découvrir l’attention qu’il voue à ce qui l’entoure, comme si, à lui seul, il détenait toute l’humanité de la terre. C’est encore découvrir la douceur poétique de sa plume, sa manière sensible et acérée de poser son regard sur l’espace et le vertige des possibles.

Il écrit pour conserver une présence éthérée mais fugace. Dans une bulle hors du temps, dans une alcôve du sublime, les phrases se déploient, se ramassent au rythme d’un vol gracieux, les mots palpitent, bruissent à l’unisson de la soie des plumages, et dessinent un univers qui exalte ses aspirations. L’auteur apparaît comme « soulevé » par une ferveur intérieure, comme « happé » par le vol migratoire. En privilégiant l’émotion, son écriture devient un espace où dire les choses qu’on ne peut vivre, où lutter contre le trop d’éphémère.

J’ai mis mes pas dans sa poésie. Avec ce curieux trouble qui vous envahit quand vous avez le sentiment que quelqu’un a trouvé des mots pour vous, des images impalpables pour faire renaître la fragilité de tout ce qui est beau, des instantanés de ces félicités trop oubliées, le galop d’un cheval, le friselis d’un ruisseau ou le froufrou soyeux d’un envol…

Danielle Péan Le Roux reçoit tout cela. Ressent tout cela. Et ça change tout. Elle s’accroche à chaque mot, comme elle accueillerait les confidences d’un ami. Et ça rayonne. Et ça prend la lumière, même au milieu du noir. Ses gravures, comme autant de bribes de grâce, deviennent poème à leur tour, nous invitant à escorter le flux d’une conscience dévoilée, à percer une intériorité où naissent les métaphores et s’écoulent les rêves.

La silhouette qu’elle esquisse, presque fantomatique, incarne le poète devenu l’esprit des ciels, saisi à son insu dans sa contemplation, dans sa méditation et sa mélancolie, pour renouer avec la fragile majesté d’instants fugitifs qui recèlent nos envies d’éternité. Ecrivain et artiste expriment ensemble ce qui nous porte à chaque instant et réaffirme sa puissance à chaque nouveau printemps : la force d’aimer, de s’émerveiller, de se ranimer sous un regard qui nous rappelle qui nous sommes. Tout ce qui nous fait vibrer et qui s’éclipse gracieusement. Et l’on se souvient des dieux et des esprits qui peuplent l’univers quand on s’arrête pour, simplement, le regarder, lever les yeux et se reconvertir au vent.

Les Grues, c’est l’allégorie d’un vol majestueux qui, un matin, pose ses harmonies sur des blessures cachées. C’est l’allégorie d’un silence qui se brise, et d’un sourire qu’on ose. C’est l’allégorie d’une âme qui s’est souvenue comment voler encore par la grâce d’un poème, et celle de l’alchimie entre deux artistes.

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