La nuit est une rose noire

Ce livre d’artiste est né d’une rencontre improbable,

Denis Tellier m’a confié ce texte, parce qu’il est bien question de confiance, dans ce lieu particulier qu’est le livre d’artiste ! Et je l’en remercie.

Ce poème est accompagné de quatre fusains, trois en doubles-pages, dont un sur papier calque de Danielle Péan Le Roux.
L’ouvrage a été composé en Candara de corps 14, sur du vélin BFK de Rives.
L’emboîtage a été réalisé par Danielle Péan Le Roux.
Le tirage est de 5 exemplaires, tous sont signés au colophon par les artistes.

Achevé d’imprimer le 12 septembre 2018, à Vannes, pour les éditions l’œil de la méduse.

Le retour de Marie Driot :

Comment échapper au philtre du style si particulier de ce que j’appellerai ici le commentaire méditatif d’un auteur qui bouleverse, quelque genre d’écriture qu’il choisisse ? Surtout si le charme littéraire entre dans un étroit dialogue avec le raffinement poétique d’un fusain talentueux ?

Denis Tellier n’écrit pas, il compose. Une prosodie libre, dépouillée du superflu, rythmée. Ses mots sonnent comme des pièces mouvantes qui affleurent à la conscience au sein d’une nuit consumant ce qui l’entoure. Ses phrases tour à tour s’allongent, raccourcissent, opèrent de brusques cassures et entrent en collision les unes avec les autres, comme pour transgresser les limites de la parole, et suivre le dérèglement des sens. La nuit devient ici l’occasion d’une expérience de l’intériorité, de la dualité d’une âme entre ombre et lumière, dans cette errance qu’induit l’éphémère velouté d’une fleur d’encre.

La mise en page que choisit Danielle Péan Le Roux épouse admirablement le rythme syncopé de l’écriture, ses méandres comme ses remous. Quant à son fusain, il illumine la nuit hallucinatoire de l’auteur, caresse les herbes grisées, saupoudre délicatement de jais les pétales d’une rose, éclabousse la rive de ces « haillons de lumière » chers à l’auteur… La finesse du trait, la douceur des formes exaltent en un sublime contrepoint la noirceur des abysses que le poète explore. Et l’univers esquissé au fusain dévoile avec grâce combien, maléfique ou fastueuse, la nature demeure pour l’auteur un vecteur de vérité qui le révèle enfin à lui-même et au monde.

Alors que les mots du poète suffisent à faire résonner la fêlure d’une âme et la quête d’un sillage perdu dans les ténèbres opaques, le fusain de l’artiste entend reconstituer un concentré de paysage, où règnent de somptueux noirs et des gris d’horizon d’où surgissent des allures vitales.

La Nuit est une rose noire est un superbe livre d’artistes. Un livre d’art.

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